« Mon institution “idéale” du XXIè siècle ressemblerait à quelque chose qui ne serait pas une “institution” en soi, mais un organisme flexible et constamment évolutif ou un réseau connectant les personnes d’idée et d’action sur un mode “global”. Elle devrait pouvoir répondre aux formes de pensée et de média les plus diverses, en particulier au défi que représente cette nouvelle complexité issue de la fusion d’une nouvelle urgence sociale et d’une nouvelle technologie. Elle devrait aussi se développer en tenant compte de l’apparition de cette autre réalité : l’effondrement du centre du monde. »
Hou Hanru (curator) dans : "Qu’attendez vous d’une institution artistique du XXIe siècle". Ed. palais de Tokyo

En quelle mesure un récit futuriste peut permettre de renouveler radicalement les représentations de l’Afrique en Europe, de reconcevoir les bases des relations postcoloniales et de faire advenir des formes nouvelles ? Tel fut le point de départ du projet Moving Landscapes : Le container fantôme initié à l’école supérieure d’art de Clermont Métropole par un groupe d’étudiant.e.s, soucieux de transformer les terrains de rencontres transcontinentales dans le contexte dynamique de la mondialisation.

Bien que les imaginaires, structures et représentations au sujet de l’Afrique, héritent d’un passé chargé, et se prolongent souvent dans les asymétries des régimes migratoires et politiques du présent, les reconfigurations géopolitiques font changer la donne : Nous sommes aujourd’hui devant le défi d’aller vers la construction de nouveaux fondements. En Europe un travail de fond sur l’impact de l’impérialisme sur les sociétés européennes elles-mêmes reste nécessaire, car nous nous trouvons dans un présent postcolonial souvent inavoué. En revanche, c’est dans l’ouverture vers des formes inconnues que réside la perspective du dépassement : Aller à la rencontre des espaces afro-français enchevêtrés est avant tout une quête d’un futur commun à inventer.

C’est dans cet esprit que le groupe de recherche « Les paysages déplacés » s’engage à élaborer des formes artistiques qui permettent de renouveller les terrains de partage. Il est un fait que la production des images a amplement contribué à forger des représentations problématiques de l’Afrique et à les diffuser largement. Nous choisissons, quant à nous, un autre médium et proposons des rencontres sonores par les ondes. Nous proposons de re-narrer le présent depuis le futur pour ouvrir les espaces de possibilités jadis inconcevables. L’artiste se positionne ici en narrateur, orateur, faisant foi dans la puissance transformatrice du récit.

Dans cette aventure, nous nous laissons guider par quelques questions directrices : Comment l’histoire se décloisonne-t-elle si on la sort d’une conception linéaire ? En quelle mesure un récit futuriste peut-il permettre de renouveler radicalement un regard, de reconcevoir un ensemble de relations et de faire advenir des formes nouvelles ? Le travail artistique, permettrait-il de concevoir d’autres possibles dans le présent ? Quels sont les moyens dont on dispose pour l’ouverture des régimes spatio-temporels ?

Afin d’interroger ces questions, nous proposons dès maintenant un dispositif médiatique en évolution, qui permet de faire le lien entre l’ici et l’ailleurs. Une radio (en ligne et en ondes) sur laquelle nous émettrons des courtes émissions, diffusées aussi bien localement que globalement. Avec la radio, nous retrouvons le médium le plus répandu en Afrique. Médium de l’oralité et des sons qui permet une diffusion transfrontalière.
Brouillant les images, nous nous focaliserons sur les sons et les voix.
Tissant à la manière d’un feuilleton les chapitres d’une narration science-fictionelle, nous préparons dès à présent un voyage au Bénin, prévu du 18 avril au 4 mai 2014. Le voyage sera structuré par la production régulière des émissions qui reposeront sur les rencontres sur place, des narrations fabulées de lieux.